Un Monde de Sirène » Disney vs. Anderson !

Disney vs. Anderson !

5/5 - (6 votes)

L’autre soir, j’ai regardé un dessin animé de mon enfance et je me suis rendu compte, qu’une bonne partie de mes principes (notions entre le bien et le mal…etc.), venait de là. J’ai donc commencé à me demander ce que les histoires nous apprenaient et j’ai découvert que ce qui était vrai pour moi, l’était aussi pour tous les enfants du monde. En livre, avec nos parents ou à la télévision, les histoires sont un incontournable de l’enfance et les spécialistes s’accordent à dire qu’ils contribuent à notre apprentissage. Comme le disait Bruno Bettelheim (1976) : « Bien loin de manifester des exigences, le conte de fées rassure, donne de l’espoir pour l’avenir et contient la promesse d’une conclusion heureuse ». Ils nous apprennent que la vie est parfois difficile, qu’il faudra faire des choix, mais qu’une fin heureuse est possible si on s’en donne les moyens.

Que retenir de l’histoire de la petite sirène ?

IL ÉTAIT UNE FOIS UN CONTE DE SIRÈNE !

Grande fan de sirène, je ne pouvais donc pas faire autrement que de m’intéresser à ce grand classique : « La petite sirène ». Mais qu’est-ce que cette histoire peut nous apprendre sur la vie ? Eh bien, cela dépendra, dans un premier temps, de la version que vous choisissez de regarder. En effet, si la version de Disney est largement plus connue et appréciée, elle reste tout de même assez éloignée du conte original d’Anderson. En toute logique, les deux versions de la même histoire ne nous apprennent donc pas la même chose.

Ainsi, dans un premier temps, nous parlerons de « la petite sirène » d’Anderson, suivie de la version de « la petite sirène » de Disney. Pour finir, une conclusion viendra synthétiser l’ensemble de l’article.
[toc]


La petite sirène d’Anderson 


Attention, spoiler ! Ahahah

Pour vous résumer brièvement, c’est l’histoire d’une enfant sirène rêveuse, vivant auprès de son père, le roi de la mer, sa grand-mère et ses sœurs. Elle est fascinée par la vie sur terre, jusqu’à en faire une obsession et tombe amoureuse d’un prince qu’elle sauve de la noyade et pour qui elle accepte de se faire arracher la langue en échange d’une paire de jambes. La transformation est par ailleurs très douloureuse, « comme si une épée lui tranchait la nageoire en deux » et chaque pas qu’elle fera en tant qu’humaine sera un calvaire. De plus, le prince en épousera une autre, ce qui brisera le cœur de la petite sirène. Ses sœurs lui proposeront alors de tuer le prince pour redevenir une sirène, mais elle refusera, se sacrifiera et mourra pour rejoindre le ciel.

Tragique, n’est-ce pas ? Pourtant, cette histoire se termine mal pour une très bonne raison, car elle servait, non pas à distraire, mais à éduquer. L’auteur, d’après ce que j’ai pu lire sur lui et son œuvre, cherchait à mettre en garde les enfants trop accès sur leur propre désir. Cette histoire (adapté en dessin animé que j’adore par le japonais Tomoharu Katsumata « Marina la petite sirène ») serait, à en croire des psychologues, la métaphore de l’enfant qui veut grandir trop vite et idéalise sa vie future. La terre serait alors l’âge adulte, la liberté et la mer le monde de l’enfance, contrôlé et dirigé par les adultes. Partant de ce constat, je peux aisément affirmer que ce conte a pour objectif d’apprendre aux enfants la dure réalité de la vie. Si la petite sirène avait accepté de ne pas vivre dans le fantasme d’une vie meilleure, si elle n’en avait pas fait qu’à sa tête en ignorant les conseils de ses aînés, elle aurait pu avoir une belle et longue vie. Au lieu de quoi elle a souffert atrocement et sa vie s’est terminée de manière tragique.

Par conséquent, ce conte incite les enfants à se confronter à la réalité, ce qui, à mon sens, est une bonne leçon de vie. De plus, étant enfant je me souviens que j’adorais cette histoire, même si j’aurai préféré une fin plus heureuse. Donc n’ayez pas peur de montrer ou de raconter des histoires tristes à vos enfants, je vous promets qu’ils s’en porteront très bien !


La petite sirène de Disney


En bref, il s’agit ici d’une jeune et très belle sirène. Ariel est aventureuse, curieuse et, comme dans le compte originel, elle est particulièrement attirée par le monde des humains qui la fait rêver. C’est en s’approchant d’un bateau qu’elle tombera amoureuse du prince Eric, qu’elle sauvera de la noyade et pour qui elle acceptera de renoncer à sa voix en échange d’une paire de jambes. La sorcière des mers cherchera alors à lui nuire dans le but de récupérer le pouvoir du roi de l’océan (roi Triton, père de la petite sirène). Elle se fera néanmoins démasquer et vaincre. À la fin du film, Ursula termine éventrée par la proue d’un bateau conduit par le prince. Ariel l’épouse ensuite dans la joie et la bonne humeur.

La petite Sirène (VF) 

Première chose que je constate, c’est que Disney à fait de la sorcière une véritable méchante. Ici, elle ne se contente pas de passer un marché avec la petite sirène comme dans le comte original, mais ira jusqu’à se transformer elle-même en humaine pour lui nuire. Ariel ne souffre pas de sa transformation (même si la scène de sa métamorphose laisse largement supposer que ce n’est pas agréable sur le moment) et surtout, dans cette version, le fantasme devient une réalité puisque le prince est effectivement amoureux d’elle. Elle parviendra même à retrouver sa voix ! Dans cette histoire, c’est impossible que la gentille princesse, courageuse, belle et généreuse ne soit pas aimée en retour, et si d’aventure cela devait tourner mal, ce serait à cause d’une vilaine sorcière. Ursula (la sorcière des mers) déclare d’ailleurs à la fin du film « Les vagues obéissent à mes moindres désirs. Le peuple de la mer plie devant mon pouvoir. Vive le naufrage de l’amour » et cela n’a pas échappé à certains fans du dessin animé. Néanmoins, la petite sirène est une héroïne unique, car c’est l’une des seule à ne pas être une « demoiselle en détresse » : elle prend son destin en main et n’attend pas que sa vie change d’elle-même ! Elle sauvera même le prince par deux fois avant qu’il ne la sauve à son tour.

Je suppose ici, qu’il serait facile pour un enfant de conclure que les « gentils » gagnent toujours. Si on se réfère à la date de sortie du film et des mœurs de l’époque, je dirais même que les « gentilles filles » trouvent toujours un mari. Personnellement, je trouve donc cette histoire un peu légère en matière d’enseignement, mis à part qu’il ne faut pas avoir peur d’aller de l’avant. Heureusement, psychologiquement parlant, je trouve que Disney s’est très bien rattrapé avec « La petite sirène 2 », qui met en scène la fille d’Ariel (Mélodie). On y retrouve notamment des notions de différences, d’acceptations de soi et de rejet de la société. Par ailleurs, je trouve très le fait que l’aventureuse Ariel devienne finalement un parent encore plus protecteur que son père très drôle et réaliste.


Que retenir des 2 histoires ?


En conclusion, les histoires que nous racontons à nos enfants ne sont pas sans importance. Qu’elles soient basiques, longues, courtes, tirées de faits réels, tragiques ou heureuses, elles nous apprennent toujours quelque chose, même si on ne s’en rend pas forcément compte sur le moment. Les enfants s’identifient aux personnages, et ainsi lorsqu’ils se retrouvent confrontés à la même situation que leurs héros, ils savent d’avantage comment réagir. Cela les aide donc à comprendre certaines de leurs peurs, frustrations et d’y apporter des solutions, sans même qu’ils s’en rendent compte. Or, si les fins heureuses nous plaisent davantage –que ce soit en tant qu’adulte ou en tant qu’enfant (moi la première ahahah)– qu’est-il préférable d’apprendre : que vivre dans la réalité est important ? Ou que les gentils gagnent toujours ? Car dans les deux histoires, la petite sirène n’est en réalité d’une jeune fille à moitié nue qui tombe amoureuse d’un homme plus âgé, qu’elle ne connaît pas, parce qu’il est beau (et riche ?), puis qui sacrifie tout pour le séduire et se faire embrasser…

À méditer donc !